Pour commencer Lhistoire des lansquenet :
Un lansquenet est un soldat mercenaire de langue germanique, l'uniforme ou du moins la coupe du vêtement militaire de l'époque est identique, pour les français, allemands, italiens, suisses, anglais, espagnols ou autres qui, eux ne portent pas le nom de lansquenet.
Les premiers apparurent vers 1470.
Troupes de piquiers, ils furent levés par des Kriegsherren, gentleman of war, seigneurs de la guerre, formés dans la tradition des fameux et redoutables suisses.
Le premier a lever une force de ces redoutables soldats fut Maximilien I de Habsbourg. Elle fut composée de 12.000 fantassins et de 1200 cavaliers. (Gardons une certaine méfiance sur les chiffres de l'époque.)
Pour être lansquenet, il fallait posséder ses armes en propre
Comment se recrutaient-ils? :
Le seigneur ayant besoin d'une armée, commissionnait un homme ( en Italie : un condottiere) au moyen d'une Bestallungsbrief ou lettre d'appointement (une condotte), celle-ci contenait les conditions du contrat et la lettre des articles.
Rassuré sur ces moyens financiers, l'Obrist ou colonel appointait à son tour ses capitaines de Fahnlein (compagnie). Les tambours battaient le rappel des recrues.
De grands colonels comme Frundsberg ou Von Sickingen étaient capables de recruter 20.000 fantassins en quelques semaines.
Le Fahnlein se composait, en général, de 400 hommes, chaque fahnlein comptait 100 soldats expérimentés ou Doppelsödner (double solde).
Dès qu'ils avaient reçu un mois de gage, les lansquenets faisaient cercle auprès de l'Obrist qui leur lisait la lettre des articles, énonçant les droits, les devoirs et les restrictions, citant les fautes punissables tel la mutinerie, le pillage non autorisé, l'ivresse en service; puis suivait une prestation de serment d'obéir aux officiers et de servir sous la loi de la "lettre des articles".
Chaque régiment comptait en principe 10 fahnlein, le fahnlein est ausi le mot allemand pour le grand drapeau transporté au sein de chaque unité. Le régiment (fahnlein) etait divisé en rotten comportant 10 lansquenets ordinaires ou 6 doppelsoldner.
L'officier le plus craint était le prévot, sa suite comprenait un bailli et un bourreau reconnaissable à son manteau rouge. La plume rouge de son béret, son épée d'exécution et la corde de pendu qu'il portait à la ceinture était un moyen dissuasif contre les désordres. Chaque régiment avait aussi un contingent de police militaire ainsi qu'un juge.
Tout cela coûtait fort cher !
En 1526, Frundsberg fut obligé d'engager ses états et son trésor pour 30.000 guilders, afin de financer une campagne en Italie pour Charles Quint. Cette somme ne couvrit que la solde d'un demi-mois et ses troupes se mutinèrent. Pareillement, le général espagnol Leyva fit fondre les calices de l'église de Pavie et même ses chaines d'or de cou pour empêcher sa garnison de lansquenets allemands de se vendre aux français.
Tactiques de combat et armenent:
Les suisses, soucieux de raccourcir le temps de campagne, étaient largement dépendants de la fermeté de leurs piquiers et de leurs hallebardiers.
Les allemands adoptaient souvent des positions défensives et utilisaient conjointement la pique et l'arquebuse.
Piquiers et hallebardiers formaient un carré solide au centre, avec les manieurs d'épée à 2 mains à l'avant et à l'arrière. Au dernier rang se tenaient les enseignes des troupes les plus aguerries, elles étaient positionnées ainsi pour ajouter de l'impétuosité à l'attaque et pour décourager les désertions.
Autour de ce bloc se tenait un mur d'arquebusiers.
Vers le milieu du 16 ème siècle, l'arquebuse prit plus d'importance, et il était coutume d'avoir 4 rangs d'arquebusiers entrainés à s'avancer, à faire feu, puis à se retirer pour recharger.
Lorsque l'ordre d'avancer était donné une ligne de fantassin était placée à l'avant du carré.Ils étaient connus sous le nom d'Enfants perdus, composés de volontaires, de prisonniers espérant leur rachat, ou d'infortunés tirés au hasard. Leur tâche était d'avancer au devant du carré avec leurs piques et épées à deux mains, écartant l'ennemi pour permettre à leurs camarades de s'enfoncer dans la brèche.
Pour que les enfants perdus songent à leur vie en péril, l'étoffe rouge,"drapeau de sang", était dressée dans leur rang.
Les enfants perdus étaient souvent distingués par la plume blanche qu'ils portaient à leur béret.
En position défensive, l'ordre était donné de former le hérisson, les arquebusiers se retiraient au 3 ème rang pendant que les piquiers s'installaient à l'avant, élevant leur arme de manière à atteindre les cavaliers. Des espaces étaient ménagés de façon à permettre le tir des arquebusiers.
A la bataille de La Bicoque , les suisses utilisèrent des pierres pour désemparer les piquiers allemands. Le sable et la poussière servaient aussi à aveugler.
Vers le 15 ème siècle, le rôle des arquebusiers et des pistoliers à cheval, autrement appelés " Carabins ", prit de l'importance.
Au début, l'arme principale des lansquenets fut la pique, le manche était épais de 38 mm et d'une longueur variant entre 4m26 et 5m48, la tête en fer mesurait 25.4 cm, parfois garnie d'une queue de renard aux soi-disant propriétés magiques de guérison ou de protection.
La hallebarde portée par les sous-officiers et "doubles soldes" mesurait seulement de 1m89 à 2m29 et était parfois utilisée pour établir les rangs.
http://www.gloubik.info/sciences/local/ ... -41212.jpgL'épée dite romaine, parfois connue sous le nom de la Mutileuse ou encore katzbalger "l'etripe chat" était large et à double tranchant, elle mesurait environ 71 cm et avait une garde en forme de deux S imbriqués. Elle était portée dans un fourreau porté horizontalement sur l'estomac.
http://www.tritonworks.com/content/imag ... balger.JPGLa zweilhander, l'épée à deux mains, mesurait 1m67 et avait aussi une lame à double tranchant. L'arrêtoir, à la base de la lame servait de seconde garde, tant pour parer que pour permettre à l'utilisateur la prise en main, et ce grâce à une bande de cuir enroulée, placée entre la petite garde et la grande garde. Pendant la marche, elle était parfois suspendue de travers sur le dos au moyen d'une courroie.
http://fc03.deviantart.net/fs49/f/2009/ ... l_Hafi.jpgL'arquebuse était équipée d'une mèche, qui consistait en une amorce attachée à un crochet en forme de S, autour duquel elle s'enroulait pour allumer la poudre quand la gachette était tirée.
D'une portée de plus de 365 m, elle était sans précision et inutilisable par temps de pluie.
http://www.lisa90.org/lisa1/docs/armes%20005.JPGLe 1er pistolet à rouet fit son apparition à la bataille de Muhlberg, en 1547. Il fonctionnait comme un briquet, quand la détente était armée, une roue molletée conduite par un ressort provoquait l'étincelle d'un morceau de pyrite ou de silex, lequel enflammait la poudre. Utilisé par les fameux cavaliers noirs, il trouvait aussi son emploi chez les officiers et "double soldes".
http://www.civilization.ca/cmc/exhibiti ... swp02b.gifL'arbalète fut aussi utilisée. A Marignan, la garde royale de François I comptait 200 arbalétriers à cheval et des Gascons à pied armés d'arbalètes.
http://nauges.typepad.com/.a/6a00d83451 ... 970c-320wiUn mouvement tournant était donné au carreau pour augmenter la pénétration, l'arbalétrier transportait un large bouclier qui en position défensive était soutenu par un pieu ou une épée.
Le porte drapeau était choisi dans le rang, il défendait son drapeau avec " bec et ongles ". L'historien italien Jovius faisait la description d'un porte-drapeau trouvé, sur le champ de bataille, les deux bras taillés en pièces et tenant son étendard serré entre les dents.
L'artillerie fut aussi utilisée. Transportée sur des chariots, des treuils permettaient de lever la pièce, des boulets en fer remplaçèrent ceux de pierre. Le plus grand exemplaire connu fut "la folle fille de Gand", son canon mesurait 5m49, un calibre de 83,8 cm, il pesait 15 tonnes et il fallait 30 chevaux pour le déplacer.
L'artillerie moyenne était composée de couleuvrines et de basiliques. Il exista aussi des mortiers de sièges. Les chariots de transport étaient peints en noir, la partie métallique était peinte en rouge.
Souvent les cloches des églises étaient saisies et fondues pour en faire des boulets.
Il existait aussi un corps des sapeurs, pour les sièges.
L'artilleur était souvent vêtu de vêtements de teintes brune ou verte pour éviter d'être la cible des tireurs adverses, ils étaient fort bien payés puisqu'ils ne leur étaient pas permis de quitter leur pièce pour participer au pillage.
Autre statut particulier à l'artillerie : si un lansquenet ayant commis un crime réussissait à s'évader des mains du prèvot et à se réfugier près d'une pièce d'artillerie, il bénéficiait pendant 3 jours du droit d'asile tant qu'il ne s'écartait pas de plus de 24 pas du canon, le prévot ne pouvait l'arrêter durant ce délai.
Le train de fourniment qui suivait le fahnlein était très important. Le lansquenet avait coutume d'être accompagné en campagne par sa femme et ses enfants. Cela signifiait aussi un désordre considérable, donc une police pour garder le contrôle sur le "train des catins et des fripons" (terme d'époque). Le sergent du train était assisté par le Rumormeister dont la mission consistait à séparer les femmes qui se querellaient au moyen d'un baton appelé le Vergleicher.