Dans la cathédrale de Strasbourg, un rayon vert fait le printemps !
STRASBOURG (AFP) - Dans la cathédrale de Strasbourg monte un murmure admiratif et les flashs des touristes crépitent: il est 11H38 - midi à l'heure solaire- et, comme à chaque équinoxe, le rayon vert fend un vitrail, traverse la chaire et vient "illuminer" un Christ gothique. Le printemps est arrivé.
Par chance, le soleil est de la partie mercredi pour colorer en vert le rai de lumière qui traverse le vitrail méridional représentant Juda, ancêtre de Jésus. A la minute attendue, il se positionne sur le dais surplombant le Christ en pierre datant de 1485, puis il illumine le visage de la statue, descendant peu à peu jusqu'à ses pieds pendant une course de 20 minutes environ.
Pendant une semaine, il continuera à apparaître à la même heure, mais un peu plus bas chaque jour.
Il disparaîtra ensuite jusqu'au 23 septembre, jour de l'équinoxe d'automne, à 12H24 précise.
Découvert en 1972 par Maurice Rosart, un géomètre en retraite, ce phénomène est dédaigné par les autorités ecclésiastiques. "C'est vraiment du hasard pur" confie à l'AFP le sacristain Michel Bolli qui rejette toute interprétation ésotérique.
"Dans les cathédrales, explique-t-il, on observe souvent des phénomènes liés à des changements de verre, il n'y a rien d'extraordinaire".
"Ca fait son effet, c'est d'une précision horaire remarquable", estime cependant Guy Fouilleul, informaticien qui vient voir le rayon vert depuis 1990. "Wunderbar" (merveilleux) s'extasie une touriste allemande au milieu de 300 personnes émerveillées.
Pour Jean-Paul Monsché, un Alsacien établi en Californie, il s'agit de ne pas louper le rayon "car la cathédrale de Strasbourg, c'est important quand on vit à l'étranger".
Les admirateurs du rayon vert ont cependant été privés de spectacle en 1990 par un cache placé pendant quelques jours devant le vitrail et en 2005, lors de travaux.
M. Rosart, découvreur passionné du rayon magique, est persuadé pour sa part que l'étrange facétie astronomique revêt un caractère symbolique voulu. Les vitraillistes qui ont rénové le triforium sud de la cathédrale "ont sciemment créé le phénomène", assure-t-il contre l'avis des autorités ecclésiastiques.
"Le problème, c'est qu'on n'a retrouvé aucune trace écrite pour expliquer le sens de ce rayon. Alors chacun est libre de ses suppositions", concède-t-il, très satisfait de "l'intérêt croissant" du public... et des télévisions.
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