22 janvier 1905: le "Dimanche Rouge" de Saint-Pétersbourg

"Il nous faut une petite guerre victorieuse": telles furent les paroles du ministre russe de l'Intérieur pour justifier la guerre contre le Japon en 1904. On espérait côté russe que cette victoire renforcerait le patriotisme au détriment de tous les courants d'opposition. Tout au contraire, ce conflit tourna au désastre militaire majeur et allait dangereusement ébranler le régime tsariste. Dès décembre, un mécontentement croissant contre cette guerre ruineuse et humiliante se faisait sentir. Le renvoi de quatre ouvriers dans une industrie d'armement de Saint-Pétersbourg, alors capitale de l'empire, provoque la grève de l'usine, qui s'étend aussitôt. Avec plus de 300 usines en grève le 20 janvier 1905, toute la région se retrouve paralysée.

Le mouvement est dirigé par un pope, Georges Gapone, auteur d'une pétition au tsar Nicolas II soutenue par 150.000 signatures. Se plaignant de la misère du peuple, il demande droits civiques, salaires décents, partage progressif des terres, ainsi qu'une assemblée constituante élue au suffrage universel. Le 22 janvier, Gapone dirige une centaine de milliers de manifestants vers la place du Palais d'Hiver pour remettre au tsar la pétition. Des bannières revendicatives côtoient celles à l'effigie de Nicolas II et des icônes d'églises voisines. La pétition témoigne d'une confiance intacte envers le "Tsar-Batiouchka" (Petit Père), mais aussi d'une grande détermination: celle de mourir sur place si Nicolas refuse d'entendre son peuple. Face au refus de la foule de se disperser, la cavalerie charge sabre au clair, bientôt relayées par la police qui tire sans sommation. Cette répression aveugle, qui fait plus de mille morts, étend le mouvement à tout l'empire, y compris les campagnes. "Il n'y a plus de Dieu ni de tsar" selon Gapone, et si Nicolas réussit à sauver son trône dix mois plus tard en octroyant des concessions dérisoires, il ouvre la voie à une radicalisation qui profitera à des mouvements révolutionnaires, dont les Bolchéviques de Lénine, lesquels étaient restés en marge de cette première Révolution russe.

Cela s'est aussi passé un 22 janvier:

2007 -- Décès de l'abbé Pierre, 94 ans, de son vrai nom Henri Grouès, fondateur d'Emmaüs.

2003 -- Yves Saint-Laurent fait ses adieux à la couture.

1998 -- Le gouvernement algérien fournit le premier bilan officiel des massacres perpétrés de janvier 1992 à décembre 1997 en Algérie: 26.536 tués, 21.137 blessés.

1994 -- Décès de Jean-Louis Barrault, 83 ans, comédien, metteur en scène.

1972 -- Le Traité de Bruxelles élargit le Marché commun à la Grande-Bretagne, au Danemark, à l'Irlande et à la Norvège, qui refusera par référendum.

1957 -- L'armée israélienne évacue le Sinaï, mais continue d'occuper la Bande de Gaza.

1949 -- Les communistes chinois occupent Pékin.

1944 -- Les forces alliées débarquent à Anzio (Italie).

1922 -- Mort du pape Benoît XV (Giacomo Della Chiesa), né en 1854.

1905 -- Les cosaques et l'armée impériale russe tirent sur les ouvriers en révolte à Saint-Pétersbourg au cours du "dimanche rouge".

1901 -- Décès de la reine Victoria d'Angleterre, à l'âge de 84 ans.

1879 -- L'armée zouloue écrase les Anglais à Isandhlwana (Afrique du Sud).

1852 -- La famille d'Orléans est bannie de France.

1811 -- Napoléon annexe Oldenbourg, ce qui mécontente le tsar Alexandre Ier.

1760 -- Les troupes françaises sont battues par l'armée anglaise à Wandewash (Inde).

1711 -- L'Espagne accepte de céder les Iles Malouines à l'Angleterre.

1528 -- La France et l'Angleterre déclarent la guerre à Charles-Quint.

1517 -- Les forces turques s'emparent du Caire.

1506 -- Fondation du corps de la garde suisse pontificale.

Ils sont nés un 22 janvier:

-- Le physicien français André Marie Ampère (1775-1836)

-- Lord Byron (George Gordon), poète anglais (1788-1824)

-- Le dramaturge suédois August Strindberg (1849-1912)

-- Marcel Dassault, constructeur d'avion français, député, homme de presse et producteur de films (1892-1986).