Afin de persuader mon n'hom que je ne me consacre pas qu'à mes costumes, je me lance dans une petite réalisation rien que pour lui. Manquant de temps et d'argent, j'ai décidé de faire mes fonds de cartons... Mais horreur, je n'ai aucun tissu qui convienne en quantité suffisante ! Aussi ai-je décidé d'utiliser mes restes, et de les assembler dans une sorte de chemise style "patchwork".

Comme je n'ai pas envie de patronner, je me base pour l'empiècement de base sur le 5840 de chez Simplicity : détourner une robe de mage pour faire une chemise ? Eh oui, il suffit de raccourcir, d'oublier la capuche, et de resserrer les manches aux poignets.

Voici donc à la base ce dont je dispose :


Voici ma masse de tissus en vrac :

Un tas de restes de toiles utilisées pour des costumes médiévaux et fantasy pour les enfants. Du crême, du noir, du rouge.

Je commence à assembler les pièces, en essayant de respecter au mieux le sens du tissage pour que toutes les pièces soient plus ou moins dans le même sens de fil. Puis je coupe les pièces en les superposant légèrement, avant de les assembler à la machine en un ensemble assez grand pour contenir ma pièce de patron. Une fois que c'est fait, je surfile les bords des assemblages par une couture zigzag à la limite du tissu, puis je repasse les coutures bien ouvertes et je coupe à partir du patron.

L'intérêt avec les patrons "costume", c'est qu'ils sont conçus pour des "pros" censés travailler vite. D'où le principe de la "couture en dedans". C'est à dire qu'il suffit de poser le patron sur le tissu et de couper à la limite du papier, sans se préoccuper de laisser des réserves. La couture se fera à 1,5 cm du bord. Vous remarquerez que sur toute machine à coudre bien faite, vous avez à la droite du pied des petits traits qui vous permettent de respecter cette mesure. Il vous suffit de caler le bord du tissu sur le trait et c'est parti. Nous verrons cela de plus près lors de l'assemblage.

Voici l'empiècement d'encolure :


Les deux manches :



Sur cet agrandissement, vous pouvez voir la couture zigzag qui surfile l'ensemble de la pièce. Ainsi, elle ne s'effilochera pas, ce qui sera à la fois plus sûr pour le costume, car les cotonnades et les tissus de lin se défont très facilement, et pour le joueur, car se retrouver envahi de fils est très inconfortable...



Suite au prochain épisode !

Donc, presque en temps réel...

Je suis au point de refermer les manches. Pour cela, je mets les deux côtés de la pièce bord à bord, je fixe avec des épingles, puis avec un fil de bâti avant de retirer les épingles.



Pour ceux qui débutent en couture, on n'insistera jamais assez sur la nécessité de bâtir avant de piquer à la machine ! A moins d'être particulièrement habiles, vous n'arriverez pas à tenir correctement avec vos doigts seuls, les bords risquent de se décaler. Si vous laissez des épingles, elles risquent de se coincer dans le pied et de casser l'aiguille (et ce même quand on les place perpendiculairement à la couture, ce qu'il est impératif de faire si on les laisse...). Le fil de bâti est idéal et sans risque pour votre machine.

La couture de bâti est une couture grossière, à gros points, que l'on fait avec un fil de coton qui casse aisément. On la retire après avoir piqué à la machine.

J'en profite pour vous montrer, sur ma bien-aimée titine, le trait qu'il convient de suivre pour bien piquer à 1,5 cm du bord :

Donc voilà la suite...

D'abord, étant donné les réactions suscitées, voici comment on fait une couture de bâti :



Il faut garder à l'esprit que cette couture sera ôtée dès que la couture définitive sera faite.

Donc, il me faut à présent tailler les différentes pièces du corps. Il y en a quatre, toutes faites avec le même patron, deux dans un sens, deux dans l'autre. Je les coupe comme les autres, au ras du papier :



Sauf qu'un problème se présente. La chemise est bien plus courte que le patron initial, que je n'ai pas envie de couper. Voici ma solution : je commence par mesurer à quelle longueur sera le bord du vêtement, en partant du bas pour bien garder l'arrondi et je la trace sur le papier. Ici, c'est le trait rose (le trait bleu provient d'une première utilisation du patron).



Ensuite, je pratique de petits trous dans le patron à travers lesquels je marque des repères à intervalles réguliers. Il ne reste plus qu'à les joindre, comme un jeu...



Après découpe, voici ma pièce :



Une fois les pièces assemblées, elles sont fixées à la pièce d'encolure. C'est le moment du premier essayage :

Tant que les manches (ah, les manches !) ne sont pas fixées, j'en profite pour tranquillement poser mes œillets. Depuis que mon emporte-pièce s'est démonté, j'emploie une autre technique, celle du poinçon... Passé entre les fils, il crée un "trou" dans lequel on passe l'œillet en le faisait glisser le long du poinçon.

Elle a pour avantage de ne pas couper les fils, d'où une meilleure résistance. Petit inconvénient : l'œillet glissé entre les fils tire sur la trame et fait un peu gondoler le tissu... Enfin, c'est minime !





Le résultat est tout à fait honorable :



Je prends aussi le temps d'ourler le bas de la chemise avec un ourlet invisible :



Quant aux manches, comme je vais resserrer les poignets avec un cordon, je me contente de replier deux fois le bord et de faire une couture. J'ouvre la couture de montage au-dela de cette couture pour permettre le passage du cordon :



Maintenant, je ne peux plus reculer... Il me faut monter les manches. Ma méthode : épingler le haut de l'emmanchure et le bas, puis placer des épingles à chaque fois au milieu de la longueur qui reste à assembler. Puis une couture de bâti, dont on ne peut et ne doit absolument pas se passer si l'on veut faire un montage propre !





Il reste à passer le cordon dans le bas des manches, avec la vieille technique de l'épingle à nourrice qui permet de sentir l'extrémité du cordon et de la tirer tout doucement à travers le tissu. J'ai scotché le bout du cordon pour éviter qu'il ne s'effiloche.



Et voici le résultat :

Très sympathique !

J'en profite pour te poser une question sur un point qui me perturbe, que je n'arrive pas à résoudre dans mon coin : comment faire une encolure propre ? Même en crantant mes réserves de couture, je me retrouve toujours avec une tension sur le tissu qui le fait rebiquer. Quand à appliquer une bande de tissu cousue sur le col, l'effet final est catastrophique.

Si tu regardes bien, mon ourlet au col est très étroit (l'encolure était déjà assez large). Je n'ai même pas replié deux fois comme c'est la règle (pour le bas de la chemise, par exemple), mais je pouvais me le permettre vu que c'était soigneusement surfilé. Un petit ourlet avec un revers étroit tire forcément moins, mais c'est bien sur mieux géré à la main.

Si la courbe est trop prononcée, ou qu'un ourlet large est préférable, il faut passer par une bande de propreté. Il s'agit d'un bande de tissu qu'on coupe selon la courbe du col et que l'on assemble en piquant le long de la courbure.

Ensuite, il faut effectivement cranter la réserve pour éviter les surépaisseurs : ensuite, on retourne, on repasse et on ourle (désolée pour le schéma moche, j'ai fait vite...)

Bon, ben j'ai plus qu'à m'y remettre avec cette méthode, la première que que j'aie essayé. Avec les points d'expérience que j'ai récemment mis en "Couture", peut-être que je vais enfin arriver à un résultat présentable : on dirait que je fais mes ourlets trop large, tout simplement...

Mine de rien, l'étape la plus importante pour que le résultat soit bien net, c'est le repassage .

Très beau résultat et très bonne utilisation des chutes de tissus, ça me donne des idées ! J'ai une robe qui est en deux tissus aussi, parce que je voulais absolument utilisé un coupon qui me plaisait, mais je n'en avait pas suffisamment. Le résultat est finalement plus sympa qu'avec un seul tissu, du moins à mon avis (http://karmine.canalblog.com/archives/2008/01/06/7465428.html).

Au fait, les œillets du col, ils tiennent bien en place ? J'avais fixé des œillets sur du tissus il y a quelques années et le résultat n'était pas terrible car ils finissaient par partir... Du coup j'ai arrêté. C'est moi qui les fixaient mal ? Il y a une astuce ?

Pas que je sache... Ou alors c'est ma pince qui est très performante. Elle venait d'un kit "tout compris", l'emporte-pièce s'est vite cassé mais la pince est géniale pour les œillets 4mm. Je n'ai jamais eu de problèmes depuis presque trois ans que je me suis mise à l'"oeilletage".

Le système du poinçon peut aussi faciliter la tenue, vu que les fils ne sont pas coupés, ils ne peuvent pas "sortir" de l'œillet. Sinon, il faut que le tissu soit assez épais (là il est double avec le replis). Si c'est du tissus fin, pense à mettre une bande de toile solide derrière la ligne d'œillets.

Sinon, pour la robe, c'est sympa, on croirait presque qu'il y a une cote par dessus une sous-robe.

Il faudra que je réessaye pour les œillets, peut-être avec un poinçon effectivement. J'ai toujours pris plusieurs épaisseurs de tissus mais peut-être pas assez. Affaire à suivre.