Costumes de Corsaire

Avec grand plaisir, même si ça risque de ne pas être avant 6 mois ou 1 an ;)
C'est quelque chose que je souhaite faire de toute façon : regrouper dans un dossier des textes d'époque, des photos de sources (archéo ou manuscrits), mes hypothèses et mes déductions sur le costume et l'armement, et des photos du cotume achevé.

J'ai commencé à coudre la chemise hier soir :mrgreen:

corsaire wrote:J'attaque un costume de franc du IXème siècle qui devrait m'occuper un moment : rendez-vous dans quelques mois pour la photo-souvenir ! :D
Pour l'instant, je suis en pleine recherche de documentation.
C'est l'heure du rapport d'étape, 8 mois après !
Voici les premières photos de mon costume, version beta en quelque sorte : il y a encore plein de détails à régler. Je précise que c'est un costume de reconstitution, même si je ne manquerai pas de réutiliser des éléments de costume en GN.

Le personnage est un vavasseur (c'est à dire le plus bas niveau de la noblesse de l'époque) d'Île de France, vassal de l'abbé de Saint-Germain des Prés, au début du IXème siècle.

Le manteau est en laine, avec un galon tissé aux cartons et une fibule cruciforme, qui sera remplacé dès que je l'aurai reçue par une fibule discoïde émaillée plus grosse.
Le pantalon est en laine, un modèle Thorsberg. Je ne l'ai pas fait assez près du corps, mais pour le moment, je vais laisser comme ça (pas facile à faire, le pantalon...).
Les bandes molletières sont en laine, avec des crochets de bronze pour les fixer. Je suis en train de les surfiler : ça fera un liseré de laine bleue sur les bords.
Les chaussures sont made by moi-même, basées sur le bronze équestre de Charlemagne situé au Louvre, sur lequel on voit le laçage en croisillons qui remonte sur la jambe. Entre temps, j'ai repris la teinture, il y avait une différence de coloration. Et il faut que je remplace les ficelles blanches par deux lacets de cuir de 3m.
La tunique est en lin, un bête patron en T ; je compte en faire une autre en laine bleu clair avec des appliques ou des galons, et plus longue, avec une coupe en trapèze : je trouve celle-ci beaucoup trop courte.
La ceinture est à oublier : c'est du XIIIème. Elle sera prochainement remplacée par une ceinture de cuir avec une repro de la plaque-boucle de l'île de Groix.

Owen wrote:Ca m'intéresse bien de savoir comment tu t'y es pris pour les chaussures !
C'est un modèle assez simple à faire, en fait. Ce qui les caractérise : couture en cousu-retourné, avec une couture de l'empeigne sur le dessus du pied, et fermé avec un lacet long qui passe dans des fentes sur le dessus de la chaussure.

Donc, j'ai comméncé par tailler les semelles dans du cuir (à tannage végétal de préférence) de 4mm d'épaisseur, puis deux bandes d'un cuir plus fin de 8/10° de mm (voir le patron en pièce jointe). Ca fait très fin, mais on peut utiliser un cuir allant jusqu'à 2mm d'épaisseur, au prix d'une certaine raideur, ou un cuir fin et souple type chèvre. Les bandes de cuir vont être cousues à angle droit le long des bords des semelles : il faut donc qu'elles soient assez longues pour faire un peu plus que le tour du pied.

Ensuite, il s'agit de coudre l'empeigne (la bande de cuir) sur la semelle. Le point important, c'est qu'on coût les pieces à l'envers, et que c'est un montage à angle droit. L'empeigne est percé de part en part, mais la semelle est percé en entrant coté croute (c'est à dire coté chair) et en ressortant dans l'épaisseur de la plaque de cuir épais (au pire sur l'arête). C'est un perçage pour lequel il est quasi indispensable d'utiliser une alène en losange assez fine. Une fois que les trous sont fait, on coût au point de sellier (à deux aiguilles). Pour ma part, je perce tous les trous de la semelle au début, et je perce ensuite ceux de l'empeigne au fur et à mesure que je fais ma couture : cinqu ou six trous, pouis couture, puis re-trous... ça permet de les garder bien alignés devant ceux de la semelle. Ah oui, aussi : pas la peine de tirer comme un âne pour serrer la couture : le cuir coté croute est plus fragile. Le résultat final serra solide, pas d'inquiétude.

Une fois que c'est cousu, on trempe le tout dans un seau d'eau, on laisse mariner quelques secondes, pour que le cuir s'assouplisse en s'humidifiant. Pas trop longtemps sinon il se détrempe et devient trop fragile. Et hop, on retourne le tout comme une chaussette, et on met le cuir bien en forme. Puis on laisse sécher quelques heures.

Une fois sec, il ne reste plus qu'à bien ajuster le patron sur votre pied, puis à faire la couture de l'empeigne sur le dessus du pied.

Owen wrote:Merci Msieu ! Le côté tout droit sur le fichier gif c'est celui qui est cousu à la semelle ou celui qui est cousu à l'autre côté de l'empeigne ?
Celui qui est cousu à la semelle.

C'est ceux là, deux par bande :

Ca fait environ 3cm de long.
Au passage, excellent artisan que je recommande, si vous cherchez de la jolie bouclerie ou bijouterie historique.

Vi, c'est ça :)

Mister_Migul wrote:Le crochet vient se planter dans la molletière?
C'est pas inconfortable?
(je sens que je vais m'en faire pour bcb! :D )
Aucun problème de confort ! Le crochet est tout petit et n'est pas pointu : il vient se loger entre les fils de la trame, et c'est la tension de la bande molletière qui le maintient en place.

En plus, ça coûte que dalle à faire : j'ai fais les miennes avec une chute de laine : 6 bandes de 8cm de largeur, de la longueur du lé (soit 1m40), que j'ai cousu bout à bout en deux bandes. Au total, environ 4m10 pour chaque bande. On est d'ailleurs pas obligé d'utiliser des crochets : il suffit de passer l'extrémité de la bande sous le reste, derrière le genou : ça tient suffisamment bien pour rester en place une journée.
Les dimensions idéales, c'est entre 3 et 4m de long selon ta taille, et 8cm est une bonne largeur. Il faut impérativement utiliser de la laine, par contre : le lin ne tient pas assez bien place, pas assez élastique.

Et puis c'est bon pour les jambes quand on fait de la marche : ça aide le sang à remonter, ça évite la sensation de "jambes lourdes". Et surtout, ça donne une classe folle !

Mister_Migul wrote:Pour les molletières, je comptais m'en faire en couverture militaire, je verrais ce que ça donne.
J'ai peur que ça te fasse quelque chose de très épais... essaie de trouver une couverture assez fine, dans ce cas.

Mister_Migul wrote:Allez hop, après un achat de tissu, je me demandais: en lin épais (ikea), ça marcherais?
Ca va glisser... Ou alors, prévois des bandes de cuir à lacer en croisillons par dessus, pour tenir le tout.
L'avantage de la laine, c'est que ça tient tout seul : tu glisses le bout de la bande en haut, entre la jambe et les tours précédents, et tu es tranquille. Avec du lin, ça va tenir une demi-heure et commencer à glisser, donc il faut prévoir quelque chose en plus pour le tenir. C'est pas une question d'épaisseur (les miennes sont fines)), mais de frottement.

Euh, non, pas spécialement, c'est ce que je fais dans mon costume XIIIème siècle : chainse + bliaud. Le lin, c'est assez frais.
Par contre, la superposition lin+laine est particulièrement efficace en tant que complexe thermo-régulateur, il parait. Mais bon, là je répète bêtement ce que j'ai lu ailleurs :mrgreen: